Au cœur de la relation de couple toxique, la dépendance affective

Au cœur de la relation de couple toxique, la dépendance affective

Article par Ginette Plante

Deux personnes au Soi perturbé s’unissent pour se compléter; elles ont besoin l’une de l’autre pour fonctionner. Il y a à la fois contrôle sur l’autre et attentes implicites par rapport à l’autre. Dans ce type de relation amoureuse, il n’y a jamais don de soi équilibré, authentique, réciproque. En fait, la relation est destructrice.

Ces couples qui se déchirent

Étant donné leur blessure originelle respective, et comme aucun des deux individus n’a bâti son Soi, les partenaires d’une relation toxique définissent leur identité par l’autre. Cette identité s’exprime de l’une des façons suivantes :

  • Je suis responsable du bonheur de l’autre;
  • L’autre est responsable de mon bonheur.

La psychologue Robin Norwood affirme ceci : Ces deux formes de dépendance affective possèdent un même espoir : trouver en l’autre son propre centre de gravité, sa source de valorisation, sa raison d’être, sa raison d’exister, son bien-être existentiel.

Avec leur partenaire, les personnes vivant une telle dynamique cherchent à résoudre un besoin inassouvi de l’enfance. Inconsciemment, elles désirent trouver en leur partenaire l’être qui va colmater leurs blessures. On a ainsi transfert du mandat parental à son conjoint ou sa conjointe, qui fait de même pour remédier à ses propres blessures et carences. Lutte de pouvoir intense, déceptions et conflits répétés, violences… : la relation s’avère un combat perpétuel.

Si, de façon surprenante, le couple n’en vient pas à la rupture malgré le climat toxique qui règne au sein de celui-ci, on observe généralement s’actualiser, à un moment critique, la volonté de fonder une famille. Sans le réaliser, les individus estiment que la chair de leur chair les aidera à s’épanouir, à se sentir entiers. Malheureusement, en réalité, ces personnes vont reproduire avec leur progéniture le pattern inapproprié qu’elles ont connu durant leur enfance. Comment pourrait-il en être autrement? On ne peut fournir un environnement où l’amour a préséance si l’on n’a pas grandi dans un tel environnement et si l’on n’a jamais pu se construire par l’amour de soi.

Quelques définitions de la dépendance affective

La dépendance affective est une incapacité à vivre, à fonctionner par soi-même et pour soi-même.

C’est au cours des années 70 que l’on se met à employer la formule dépendance affective. Au départ, elle s’avère une tentative pour expliquer différents problèmes de comportement que psychologues et psychiatres relèvent régulièrement chez leur patientèle, problèmes qui semblent avoir une source commune : des carences affectives durant l’enfance, d’autres problèmes parent-enfant et des lacunes éducationnelles.

Dans son livre « Diagnosing and Treating Co-Dependence », le psychiatre Timmen Cermak affirme que la dépendance affective est [un] ensemble de traits de personnalité facilement identifiables, qu’on peut s’attendre à retrouver chez la plupart des membres d’une famille où il y a de la dépendance chimique. […] ces traits de personnalité créent suffisamment de dysfonctionnement pour rencontrer les critères diagnostics de troubles mixtes de la personnalité.

Le docteur Charles Whitfield, lui, pose la définition suivante de cette forme de dépendance : [C’est] une maladie primaire identifiable, comportant des symptômes diagnostiquables et traitables, dont le pronostic est progressif et chronique – exactement comme la dépendance chimique.

Enfin, selon David Rayne-Willard, cofondateur du mouvement d’entraide CoDA (Co-Dependent Anonymous), la dépendance affective serait une maladie qui se développe chez les enfants victimes de violence et qui se manifeste par des comportements autodestructeurs dans la relation avec soi-même et dans les relations avec les autres.

Un profil

L’être dépendant affectif a peu d’estime de soi, il se juge sévèrement et il ne fait confiance à personne. Son besoin de se justifier le conduit à entretenir le mensonge. Il tente de contrôler (les autres, les évènements) par la manipulation, la menace, la domination, l’accusation, la critique, le blâme… L’individu se sent incompris et seul au monde. Il craint l’autorité bien qu’il présente depuis toujours un grand sens des responsabilités. Il a de la difficulté à établir des frontières, des limites claires dans sa vie.

La personne recrée ce qu’elle a connu dans son enfance : elle est victime d’abandon, de rejet ou de violences physiques, psychologiques, émotionnelles, sexuelles ou spirituelles et vit dans une honte nocive. L’individu se croit responsable de ses graves problèmes relationnels et, par conséquent, ne se sent pas digne d’être aimé. Bien souvent, il n’a pas conscience de son problème ou le nie. Le dépendant affectif ou la dépendante affective est généralement un être très actif, ce qui lui permet d’ignorer le drame de son comportement.

La source : la famille dysfonctionnelle

La dépendance affective prendrait sa source dans le contexte suivant : famille dysfonctionnelle, établie sur une relation de couple où les partenaires sont eux-mêmes issus de familles perturbées. La famille dysfonctionnelle est intergénérationnelle. Dans la création d’un couple, les personnes provenant de telles familles chercheront un ou une partenaire avec qui elles seront nécessairement menées à reproduire le schéma dysfonctionnel dans lequel elles ont grandi.

On observera le cycle du dysfonctionnement se perpétuer jusqu’à ce qu’il y ait, chez un individu coincé dans l’engrenage, prise de conscience, libération, reconstruction. Le dysfonctionnement s’étendrait jusque sur cinq générations et affecterait plus ou moins profondément, d’une façon ou d’une autre, tous les individus de la famille (par exemple par l’alcoolisme, par la violence ou par une autre forme de comportement toxique).

Le cas de Julie

Julie vit une grande insatisfaction : son mari ne devine pas ses pensées, ses états d’âme, il ne la rejoint pas sur le plan spirituel, etc. La cliente doute de la relation : Il ne réussira jamais à me comprendre. D’ailleurs, personne ne m’a jamais comprise…

Chez Julie, une prise de conscience est nécessaire. Elle a bien raison, personne ne peut parfaitement la comprendre : sa spiritualité, ses pensées profondes, tout cela fait partie de son individualité propre. Chacun a son jardin secret impénétrable. Personne d’autre que nous-mêmes ne peut ressentir ce que nous ressentons, penser ce que nous pensons, posséder notre Moi profond et en vivre la réalité. Et chaque personne aime d’une manière qui lui est propre.

Le travail pour apprendre à vivre par soi et pour soi

Pour amorcer son émancipation, l’individu dépendant affectif vivant une relation de couple toxique devra admettre qu’il cherche à ce que l’autre comble son sentiment de vide intérieur. Il devra en outre reconnaître qu’il est la seule personne à pouvoir combler son manque affectif.

Ensuite, il lui faudra cesser de s’oublier, apprendre à se respecter, se responsabiliser par rapport à tous les aspects de son vécu (dont le vécu associé à la relation toxique), développer la capacité de communiquer authentiquement avec les autres, dont en relation amoureuse, devenir à même de s’affirmer avec tous et toutes.

Tout cela nécessite d’explorer son Soi véritable, d’apprendre à s’aimer, de s’édifier, de se renforcer comme individu. Avant de prendre soin d’une relation amoureuse, on prend soin de sa relation avec soi. Il revient à sa propre personne de découvrir son Soi, d’en amener l’épanouissement, de bâtir son existence en fonction de celui-ci.

Des outils hypnothérapeutiques

Vous trouverez plus bas des suggestions d’outils d’hypnose pour accompagner un sujet faisant partie d’un couple toxique et ayant amorcé un travail sur lui-même en vue de s’en sortir.

Prenez également connaissance de mon article S’aimer pour mieux s’affirmer. Il contient plusieurs suggestions d’outils utiles pour l’accompagnement en hypnose d’un individu en démarche de construction personnelle.

Ginette Plante


Outils d’hypnose à découvrir

 

Parution de cet article : avril 2023

Les idées exposées dans cet article reflètent l’opinion de l’auteure.