Comment soutenir une personne en souffrance

Comment soutenir une personne en souffrance

Par Anne-Marie Quesnel

Dans mon bureau, on me demande régulièrement comment aider quelqu’un qui est en souffrance. Beaucoup de stratégies existent, mais souvent, on essaie de se transformer en sauveur et on devient une mitraillette à solutions! Malgré notre intention positive, cette stratégie a généralement l’effet contraire. Voici pourquoi.

Quand on va mal, on n’est pas en position d’accueillir des solutions. Pensez à une personne qui traverse la rue sans regarder et qui se fait frapper par une voiture. Votre première réaction sera-t-elle de lui rappeler les règles de sécurité et de lui faire la morale? Bien sûr que non, ce n’est pas le temps! On appelle au 911, on l’accompagne dans sa douleur.

Histoire de cas : Martine

Il y a quelques années, j’ai accompagné une cliente (appelons-la Martine) qui vivait à nouveau des moments de dépression. Elle s’était même rendue jusqu’à une tentative de suicide, ultime cri de détresse. Le cœur du problème : elle avait l’impression que son conjoint ne l’écoutait pas, ne l’entendait pas, ne saisissait pas du tout l’ampleur de sa détresse. Elle le sentait déconnecté. Chaque fois qu’elle essayait de lui communiquer son mal-être, son conjoint (que j’appellerai Vincent) se mettait à la mitrailler de solutions sans reconnaître sa douleur émotionnelle. Il parlait au-dessus de la tête de Martine, sans connecter, effectivement.

Nous avons fait quelques rencontres de couple. Voici la stratégie qui a changé la dynamique. Dès que Martine avait besoin de parler d’un problème, Vincent appliquait cette consigne : silence + câlin! La simplicité à son meilleur! Il devait rester dans cette posture (connexion) jusqu’à ce que Martine ressente un calme. Elle avait alors pour consigne d’ouvrir la discussion et tous deux passaient au mode solution, selon la méthode CNV (communication non violente), qui leur a été très aidante.

Un jour, durant les premières rencontres, Martine me dit ceci : Je suis tellement nulle que j’ai même raté mon suicide… Ouf! Il était urgent de recadrer l’événement. Je ne le savais pas au moment de cette discussion, mais cette réponse a tout changé pour Martine : Tu n’as pas raté ton suicide, tu as RÉUSSI ton appel à l’aide. Si tu avais vraiment voulu mourir, tu ne serais plus là. Ce que tu voulais, c’est que Vincent comprenne enfin ta détresse. En quelques secondes, dans la tête de Martine, quelque chose s’est réaligné. L’espoir est revenu. Évidemment, nous avons travaillé sur plein d’éléments, dont la communication, pour qu’elle ait des outils plus efficaces, plus doux et plus constructifs que la tentative de suicide. Quelques séances en hypnose ont été bien utiles pour la libérer des blessures d’enfance, pour rétablir et renforcer son estime de soi*.

Avant tout, écouter

C’est un peu la même chose quand une personne de notre entourage en arrache (dépression, burnout, deuil, rupture amoureuse…). Le plus simple est parfois le plus efficace. Offrons notre présence et notre écoute. Quand il s’agit de nos clients, on reste dans l’accueil et dans l’écoute bienveillante jusqu’à ce que la personne soit prête à passer au mode solution. Dernièrement, on me soulignait encore à quel point l’écoute attentive et accueillante est rare à notre époque. C’est la base de notre pratique.

Quand on est proches

S’il s’agit de guider notre client qui essaie d’aider une personne de son entourage, on peut lui proposer ceci : mettez les conseils et les paroles sur la tablette et donnez des câlins! Quand on donne des câlins, notre corps déclenche la sécrétion de l’ocytocine, communément appelée l’hormone du bonheur. Souvent, la personne en souffrance qui reçoit le câlin devient calme en très peu de temps. Quand elle sera prête à se rebâtir, elle ouvrira la discussion. Attendez qu’elle demande vos conseils avant de les offrir!

* Plus bas, vous trouverez une liste de cinq textes d’hypnose utilisés dans l’accompagnement de Martine.

Anne-Marie


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Les idées exposées dans cet article reflètent l’opinion de l’auteure et n’expriment pas nécessairement l’opinion de Distribution DPA.

Parution de cet article : 2022