Comprendre et vaincre la phobie du noir

Il y a plus d’adultes achluophobes qu’on pourrait le penser. Cette phobie du noir chez l’adulte trouverait son origine dans l’enfance; elle n’y a alors pas été traitée. Comment expliquer et atténuer l’achluophobie?

Avant la phobie, la peur

La peur du noir n’est pas chose rare. Elle fait partie de notre bagage inconscient collectif : nos ancêtres étaient confrontés à la peur de l’obscurité. Dans le noir, nous sommes vulnérables; vulnérables aux prédateurs mieux « outillés » que nous pour l’affronter, nous pouvons chuter, nous perdre, etc. Car nos ancêtres vivaient dans les milieux naturels, encore aujourd’hui, les membres de notre espèce se méfient davantage de l’obscurité – notre cerveau aura conservé des traces des frayeurs et expériences violentes qu’ils ont connues.

La peur du noir affligeant beaucoup d’enfants et d’adultes serait l’héritage de cette peur qu’auront aussi connue nos aïeux. C’est une peur qui a joué un rôle évident pour notre espèce – la sélection a favorisé les individus aux comportements de méfiance, de prudence par rapport à la noirceur.

Évidemment, le monde d’aujourd’hui ne présente plus les mêmes menaces que celui dans lequel ont vécu nos ancêtres. Toutefois, le cerveau de l’humain a conservé la trace de peurs ancrées ayant permis à ses ancêtres de survivre en milieu naturel, dangereux et hostile.

C’est naturel

On dit aujourd’hui que la peur du noir est une étape normale du développement émotionnel des enfants. On note que la peur du noir varie d’une personne à une autre, surtout en fonction de la génétique. Elle apparaît en très jeune âge (deux ou trois ans), un moment pivot du développement psychomoteur. Découvrant sa capacité de déplacement, une absence de lumière freine son cheminement par l’absence de repères visuels. Le noir, c’est le vide, la solitude, et trottineurs gèrent mal la séparation d’avec les parents, plus précisément d’avec la mère. Étant donné la grande fertilité de leur imagination (vilains animaux tapis ici, monstres cachés là, voleurs à l’extérieur, etc.) et leur relation de dépendance par rapport à leurs parents – leur survie dépend d’eux –, les enfants de moins de dix ans se sentent plus vulnérables seuls, dans la noirceur.

Généralement, la peur chez l’enfant tend à disparaître avec l’amélioration de son bien-être général et avec le temps. Elle le quitte souvent vers l’âge de 10 ans. Cependant, elle peut s’ancrer et hanter un individu jusqu’à l‘âge adulte, ou devenir phobie, ce qui a des conséquences graves.

Quand peur devient phobie

La peur de la noirceur peut parfois prendre une forme pathologique. Il y a achluophobie lorsque la crainte est présente au quotidien, et est très intense – lorsque la peur devient un handicap. La phobie du noir se caractérise par des conséquences concrètes sur notre vie – cauchemars, difficulté à s’endormir très présente, nécessité de laisser des lumières allumées, des portes ouvertes, etc. La phobie peut également amener des symptômes graves, comme des évanouissements, des crises de panique ou avoir l’impression de ne plus pouvoir respirer.

De quoi a-t-on peur exactement?

Rappelons que chez les enfants, la nuit – le noir – marque la séparation d’avec celle qui les protège, de celle dont leur survie dépend, la mère. La peur vient alors de l’angoisse de se retrouver seul et de celle de la mort. Chez l’enfant (comme chez l’adulte!), on a aussi peur de perdre ses repères et surtout peur de la surprise. « Quelque chose se cache-t-il là? » « Je ne vois rien, je ne peux m’orienter. Suis-je vraiment en sécurité? » « Est-ce que quelque chose va bondir sur moi? »

Par ailleurs, le noir renvoie les adultes à eux-mêmes et à leurs sensations intérieures, à leurs problèmes existentiels, etc. Chez certaines personnes, cela éveille un trouble pouvant entre autres conduire à l’insomnie : la nuit, on est terrifié de se retrouver face à soi-même; on a peur de voir, de savoir ce que l’on n’a pas envie de découvrir.

Les causes principales

Voici les trois principales causes de l’achluophobie.

1) Comme mentionné plus haut, la disposition innée de l’humain; l’homme est démuni dans le noir, notre vie sensorielle étant majoritairement fondée sur la vision. Gardons à l’esprit qu’inconsciemment, la noirceur évoque toujours la crainte de la mort ainsi que le vide.
2) Un apprentissage dû à un traumatisme, à des comportements d’autrui ou à des informations reçues. Elle est alors reliée à une angoisse de revivre ou revivre un événement violent ou de séparation, à une expérience de perte, de deuil, etc.
3) Des facteurs psychologiques et comportementaux, par exemple l’évitement. Il est à noter qu’un phobique refusant d’affronter sa peur la renforce et perd ses réflexes d’adaptation, au fil du temps. Il est donc important d’agir pour l’atténuer et d’en libérer.

Comment traite-t-on la peur ou phobie du noir?

Les adultes ayant peur du noir ou souffrant d’achluophobie peuvent ressentir une grande honte, puisque la peur de l’obscurité est associée à l’enfance. Pour atténuer la peur du noir, on peut entre autres se créer un rituel du coucher : prendre un bain, boire une tisane, puis se détendre par la respiration, ou encore visualiser des images positives. Car lorsqu’on est absorbé par une activité, on ne ressent pas la peur. Aussi, la détente musculaire va de pair avec un rythme respiratoire plus lent. Et respiration lente et corps détendu nous empêchent généralement d’éprouver de la peur.

En hypnothérapie, la phobie du noir peut être atténuée efficacement par la formulation de suggestions hypnotiques de relaxation et de transformation bénéfique de la peur.

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