L’absence de limites : terreau fertile pour le burnout

L’absence de limites : terreau fertile pour le burnout

Par Anne-Marie Quesnel

Si vous avez l’impression que beaucoup de gens autour de vous présentent différents symptômes du burnout, vous n’avez pas tort!

Nous vivons dans une société qui valorise la performance. Parfois même, la performance à tout prix. Réussite, persévérance, détermination, succès… Nous absorbons quotidiennement ce vocabulaire qui nous pousse à faire plus, à donner plus, à exiger plus, à la fois de notre propre personne et des autres. Et quand on occupe un rôle qui comporte un volet de responsabilité (parce qu’on a des enfants, des clients, des étudiants, des patients, des employés…), il est facile de basculer dans une énergie instable, dans un stress permanent parfumé à outrance de ces hormones qui nous gardent en état d’urgence.

Ça, c’est quand la planète tourne rondement, avec ses petits soubresauts normaux, presque prévisibles.

Or, il faudrait être caché bien profondément dans une jungle inhabitée pour ne pas avoir subi ce tsunami chaotique qui a recouvert la Terre à l’hiver 2020. On en a tous ras le bol, on voudrait retrouver une normalité. Mais justement, qu’est-ce qui est normal? En ce moment, ressentir une fatigue importante, c’est malheureusement… normal!

De tous les temps, l’humain a dû apprendre à s’adapter. Carl Gustav Jung l’a dit dans ces mots : Je ne suis pas ce qui m’est arrivé. Je suis ce que je choisis de devenir.

J’adore cette citation parce qu’elle redonne à chacun le pouvoir sur sa vie. En ce moment, il est bon d’être attentif à ce que la vie essaie de nous enseigner. Parmi ses apprentissages précieux, il y a celui-ci : Ralentis. Reviens à l’essentiel.

Le premier confinement nous a obligés, comme habitants de la Terre, à nous arrêter comme nous ne l’avions encore jamais fait. Ceux et celles qui s’en sont le mieux sortis sont souvent ceux qui étaient déjà connectés (du moins en partie) à leur essence, à leur intuition. Ceux qui savaient s’arrêter et réfléchir. Ceux qui avaient appris à tolérer – voire à apprécier – le silence et le vide. Ceux qui avaient déjà pris contact avec le trésor qui sommeille à l’intérieur d’eux.

Peut-être que les gens qui ont eu le plus de difficulté avec les hoquets pandémiques sont ceux qui carburent à la stimulation externe, qui s’étourdissent avec le mouvement, le bruit incessant, les sensations fortes, l’adrénaline.

Et pourtant, aucun de ces deux camps ne détient la recette magique du bonheur! Aucune prescription unique ne saurait fonctionner dans des contextes différents : Je ne suis pas ce qui m’est arrivé. Je suis ce que je choisis de devenir.

Nous devons sans cesse nous adapter, tenir compte des nouvelles informations, redéfinir nos paramètres. Un des éléments qui entraîne une chute regrettable sur la pente sournoise du burnout, c’est l’absence de limites. Je sais, c’est une vérité de La Palisse, mais c’est aussi une évidence qui s’avère parfois insaisissable. On l’oublie trop facilement, puis on se demande pourquoi on se sent aussi moche, particulièrement si on a déjà vécu un burnout.

Mettre ses limites se décline de différentes façons, mais au final, ça peut se résumer à cette phrase bien simple :

Savoir dire NON.

Ou du moins : Non, pas maintenant, peut-être demain. Ou la semaine prochaine. Ou jamais… Laisse-moi y penser. Je te donne une réponse dans 24 heures.

Dire non signifie qu’on se connaît assez, qu’on se respecte suffisamment pour REFUSER une demande. Notre énergie est renouvelable (une excellente nouvelle!), mais comme c’est le cas pour une voiture électrique ou pour un cellulaire, elle a besoin de moments de pause pour faire le plein.

Je le répète : c’est une lapalissade! Le défi consiste à ne pas vivre dans son propre angle mort. Et si nous tenons compte des conditions incroyables que la pandémie nous a imposées depuis mars 2020, nous devons être mille fois plus à l’écoute de notre état intérieur.

Je termine avec un élément ultra-important qui s’inscrit dans le contexte pandémique : vos droits et vos responsabilités.

Tout d’abord, vous avez le droit…

  • de vous sentir fatigué;
  • de ressentir des émotions contradictoires;
  • d’être parfois découragé;
  • d’avoir moins d’énergie;
  • de ressentir le besoin de ralentir;
  • d’avoir l’impression de vivre le jour de la marmotte.

Ces droits sont liés à la responsabilité…

  • de mettre vos limites;
  • de dire NON;
  • de prendre soin de vous;
  • de vous reposer, de lire, de méditer;
  • de ralentir, d’en faire moins;
  • de faire PLUS de ce que vous aimez;
  • de faire MOINS de ce qui est lourd;
  • de vous éloigner des gens toxiques;
  • de faire le ménage dans votre vie, chaque année.

En ce moment, l’atmosphère de la planète ressemble à l’eau d’un aquarium qu’on aurait longuement négligée : poisseuse, pauvre en oxygène, visqueuse. Et selon la règle généralement admise, on change environ 30 % de l’eau à la fois. Même chose pour nous : on procède à de petits changements réguliers pour retrouver une saine hygiène de vie.

Mettre ses limites (les dire et les respecter), c’est installer son propre masque d’oxygène en premier pour ensuite avoir l’énergie nécessaire pour prendre soin des autres!

Prenez soin de vous!

Anne-Marie


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Parution de cet article : février 2022